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Le problème des limites de la région

La définition des contours de la région Bretagne demeure en 2010 un problème sociologique et politique majeur.

Il a été vu que le traité d’Angers en 851, puis le traité du Verger en 1488, puis enfin l’édit d’union en 1532 ont défini les contours de la Bretagne historique qui restera une province réputée étrangère jusqu’à ce que la révolution de 1789 ne la morcèle en cinq départements, dont la Loire-Inférieure, qui deviendra Loire-Atlantique en 1957. Certes la ville de Nantes a toujours fait l’objet de maintes convoitises et les Saxons, les Normands, les Francs, les Angevins, les Français et en 1940 les Allemands s’en sont tour à tour emparés. Cependant les ducs de Bretagne y  eurent leur château (restauré en 2007) et en firent leur résidence principale du XIIIème au XVème siècle. Il est donc difficile de ne pas reconnaître le caractère brittonnique de la Loire Atlantique.

La réalité de 2010 est cependant que ce département fait partie de la région Pays de la Loire, dont Nantes est la capitale, et cette question fait débat.

La responsabilité de la sortie de la Loire-Inférieure des limites de la Bretagne est souvent imputée au gouvernement de Vichy qui institua le 30 juin 1941 des régions administratives pour la zone occupée, parmi lesquelles celle de Rennes dont la compétence exclut la Loire-Inférieure. En fait, cette analyse est trop simpliste. D’une part, dès 1917, étaient apparus des groupements économiques régionaux dits « régions Clémentel ». La IIIème région économique, celle de Rennes, ne comprenait pas la Loire-Inférieure, rattachée à la Vème région, celle de Nantes. D’autre part, sous le régime de Vichy, le Conseil National élabora de mai à août 1941 un autre découpage, dans lequel la Loire-Inférieure était rattachée à la Bretagne et qui fut approuvé par le maréchal Pétain le 3 décembre 1941[1].

Quoi qu’il en soit, tous les découpages nés de l’occupation furent abolis en mars 1946 et il faut davantage rechercher l’origine directe du découpage régional actuel dans la création des « régions de programme » sous le gouvernement d’Edgar Faure de 1956. Depuis lors, à chaque évolution législative ou institutionnelle et notamment lors de la constitution des régions en collectivités territoriales par la loi de décentralisation de 1982, le schéma de la Bretagne en quatre départements fut confirmé.

Il existe de solides arguments économiques pour qu’il en soit ainsi. Par ailleurs, le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne poserait des problèmes de redéfinition du rôle des capitales respectives : Rennes et Nantes, l’hypothèse d’une 3ème voie visant à redonner à Vannes ses lettres de noblesse ne semblant pas d’actualité.

Il est difficile de prendre position dans un débat qui allie des considérations historiques, sentimentales, sociologiques à des considérations économiques et politiques. Beaucoup de Bretons interrogés isolément, y compris en Loire-Atlantique se posent en partisans résolus d’un retour de la région Bretagne vers la Bretagne historique. Il n’est pas sûr qu’ils en perçoivent aujourd’hui toutes les conséquences et il est probable que, si elle voit le jour, la réunification de la Bretagne se fera dans le cadre d’un plan d’ensemble visant à réduire le nombre de régions pour les rapprocher de la moyenne européenne.

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On notera en particulier que la commission Balladur a préconisé en février 2009 des regroupements volontaires de régions de façon à en ramener le nombre de 22 à 15. Les pistes suggérées par le rapport ont conduit à imaginer différents schémas dans lesquels les Normandies se trouvent réunies et la Loire-Atlantique rattachée à la Bretagne.

La réforme des collectivités territoriales est un immense chantier et, malgré l’attachement des Bretons à voir leur Bretagne retrouver ses frontières historiques, il est impossible à la date à laquelle est écrit le présent article de formuler un pronostic sur les chances de voir une telle évolution un jour l’emporter.

Rueil-Malmaison, le 15 mars 2010



[1] Source : Provinces, départements, régions: l'organisation administrative de la France. Jean-Louis Masson -1984



 

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