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Du XVIème siècle à la révolution

La Ligue et l'édit de Nantes

L’édit de 1532 n’apaise pas tous les appétits, d’autant plus que le pouvoir s’effrite dans le royaume de France après la mort d’Henri II en 1559. De 1585 à 1598, sévit en France la VIIIème guerre de religion qui voit notamment la Ligue, et le Duc de Guise en particulier, se rebeller contre le pouvoir royal.

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Le duc de Mercoeur, Gouverneur de Bretagne qui était de sang royal, ambitionne avec l’aide de Philippe II d’Espagne de se faire proclamer duc de Bretagne. Il maintient la Bretagne sous l’emprise de la Ligue et y permet le débarquement de soldats espagnols. Finalement Henri IV reprend le dessus et amène Mercoeur à résipiscence en faisant acter à Angers, le 20 mars 1598, le mariage d’un bâtard qu’il eut de Gabrielle d’Estrées, César de Bourbon, avec Françoise de Mercoeur. Le 13 avril 1598, l’édit de Nantes vient à la fois sceller la reddition de Mercoeur et mettre un terme aux guerres de religion.

La Bretagne d'avant la révolution

Malgré les événements souvent dramatiques qui ont précédé puis accompagné l’intégration de la Bretagne à La France, la Bretagne garda la prospérité économique qui fut la sienne sous les Montfort (riche production agricole et textile, ardoises, sel, etc.). Cet essor économique et culturel se  maintiendra dans l’ensemble du XVIème au XVIIIème siècle, et s’accompagnera d’une expansion démographique qui, malgré le tribut payé à la révolution, se poursuivra tout au long du XIXème siècle et même jusqu’en 1910.

Au cours de la même période la France connait des difficultés économiques sérieuses, liées notamment aux guerres de Louis XIV qui le conduisent à vouloir lever de nouveaux impôts, y compris sur les « provinces réputées étrangères »  dont la Bretagne fait partie depuis 1532[1].

Les Bretons sont mis devant le fait accompli avec l’institution en 1673 d’une taxe sur le papier timbré et en 1674 d’une taxe sur le tabac « au mépris des libertés bretonnes ». On craint alors l’introduction de la gabelle. Il s’ensuit des émeutes qui, parties de Bordeaux, s’étendent rapidement à la Bretagne. Après de premiers succès de la révolte, la répression de 1675 mené par le duc de Chaunes sera sanglante et constitue l’une des plus brutales que l’Ouest ait jamais connues avec son cortège de tortures, de pendaisons et d’envoi aux galères. La Bretagne est mise au pas et en paie un lourd tribut sur le plan économique.


[1] Par opposition aux cinq grosses fermes qui, à partir de 1732, ont constitué une sorte de marché commun au sein du royaume de France. Les provinces réputées étrangères payaient des droits de douane lorsqu'elles échangeaient entre elles ou avec les autres provinces ordinaires du royaume.

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En 1718, soutenus par l'Espagne, accablés d'impôts, certains jeunes nobles bretons organisent un complot à un moment où une grande agitation sociale secoue la Bretagne. Les chefs du complot : Pontcallec du Couédic, Montlouis et Du Talhouët, seront dénoncés, jugés sans avocat et décapités à Nantes en 1720. La complainte "Gwerz Pontkaleg" parvenue jusqu'à nos jours rappelle cette affaire.

Le Parlement (cour de justice) et les Etats de Bretagne (assemblée réunissant nobles, clergé et tiers-état) vont dès lors mener une lutte juridique contre le pouvoir royal. En 1734, le roi autorise alors la création d'une commission intermédiaire dont les pouvoirs vont s'accroître jusqu'à contrôler la levée des impôts. Elle va bientôt administrer la Bretagne. Progressivement les Bretons récupèrent de larges pans de leur autonomie provinciale.

L'un des épisodes les plus marquants de cette lutte est " l'affaire de Bretagne " qui oppose Caradeuc de la Chalotais, procureur du roi au Parlement de Bretagne, au gouverneur d'Aiguillon, nommé par le roi, qui est amené à se retirer (1760-1764). Louis XVI en 1774 rétablit les pouvoirs du Parlement de Bretagne. Mais la maîtrise des nobles sur les levées d'impôts les favorise de trop et explique l'opposition de la bourgeoisie bretonne à leurs privilèges au moment où se prépare la Révolution.

La Bretagne et la révolution - La perte de son autonomie financière

L'opposition entre nobles et bourgeois bretons à Rennes déclenche une manifestation très dure (plusieurs morts) entre les deux groupes dès le 27 janvier 1789, c'est la " journée des Bricoles " qui lance très tôt les Bretons dans la Révolution. Les députés bretons à l'Assemblée nationale à Versailles (sans les députés nobles qui se récusèrent) joueront un rôle important jusqu'à la fin de l'année 1789. Le maire de Rennes Le Chapelier est à l'origine des réformes de la Nuit du 4 août où sont supprimés, par la Constituante, les privilèges sociaux mais aussi les droits provinciaux qui leur sont assimilés. La Bretagne « province réputée étrangère » perd ainsi son existence juridique, son autonomie, son Parlement, et ses particularités administratives, fiscales et juridiques, garanties par l'édit d'Union de 1532.

Le découpage de la Bretagne en cinq départements se fait en 1790, calés approximativement sur le découpage de la province en tribunaux de justice dans l’ancien régime (les présidiaux). La Loire-Inférieure est créée reprenant à peu près les anciennes limites du présidial et de l’évêché de Nantes.

En 1790 se forme la chouannerie. Elle est organisée par le marquis de la Rouerie, noble de Haute-Bretagne sous le nom d'Association Bretonne. Et c'est en 1793 que se déclenche l'insurrection chouanne dont les détonateurs furent les persécutions religieuses et la mobilisation des jeunes. Cette insurrection touche surtout la Haute Bretagne et déborde en Normandie, en Anjou et en Vendée. Des chefs chouans comme Cadoudal, Guillemot organisent des troupes paysannes qui pratiquent une guérilla exacerbée par les exécutions décidées par les Montagnards. Le traité de la Jannaie (près de Nantes) le 17 février 1795 et celui de la Mabilais (près de Rennes) le 20 avril 1795 calment le conflit mais l'insécurité demeurera en Bretagne sous l'Empire, jusqu'en 1815.



 

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