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Histoire de la Bretagne

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Histoire de la Bretagne
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Avertissement : Cet article n’a pas la prétention d’être le travail d’un historien. C’est un travail de synthèse d’informations provenant de différentes sources, notamment de Wikipedia, visant à donner au lecteur une vision globale de l’histoire passionnante de la Bretagne. Des inexactitudes ou des insuffisances peuvent être relevées. N’hésitez pas à en faire part à Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

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Peuplée par l’homme de Néantherdal aux temps préhistoriques, l’histoire de la Bretagne a connu d'incroyables épisodes qu’expliquent son statut de terre d’aboutissement dans les grandes migrations terrestres et sa position clé sur les routes maritimes.  Malgré les vicissitudes de l’histoire, qui ont fait d’elle tantôt une possession romaine, tantôt une terre d’émigration pour nos anciens aïeux de l’Ile de Bretagne (la Grande Bretagne d’aujourd’hui), tantôt un royaume, tantôt un duché aux prises aussi bien aux invasions vikings qu’aux attaques des Francs puis à celles du

royaume de France, la Bretagne a connu jusqu'à la révolution française, une période de plus de 900 ans pendant laquelle elle est parvenue à conserver son autonomie, sa langue, sa culture et ses traditions qui font du cas breton un phénomène régional qui n’a pas d’équivalent par son ampleur et sa richesse au sein de la France d’aujourd’hui.

 

De la préhistoire à la fin de l’empire romain

L'époque préhistorique

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Vers 5000 avant JC, l’homme moderne (l’homo sapiens) remplace l’homme de Néanthertal et commence à développer en Bretagne une véritable activité économique fondée sur l’exploitation de la forêt puis sur l’agriculture et l’élevage.  C’est dans cette période et jusque vers l’an 2000 avant JC que furent érigés les fameux alignements de Carnac, très probablement dédiés au culte des morts.

L'arrivée des Celtes

Vers 1500 avant JC, les Celtes, puissante civilisation indo-européenne d’Europe centrale, commencent à migrer au-delà de leurs frontières traditionnelles, vers l’Est mais aussi vers l’Ouest où ils viennent occuper la future Gaule et son extension la plus occidentale qui deviendra la  Bretagne.

Plus tard, les Celtes seront à leur tour soumis à la pression des Germains au Nord, des Helvètes à l’Est puis des Romains plus au Sud, ce qui déclenchera la fameuse guerre des Gaules (58 à 51 avant JC) conduisant à la fin de l’indépendance celtique sur le continent. Les Celtes seront réduits à se concentrer dans des poches de résistance : en Ecosse, en Irlande, au pays de Galles, en Cornouaille et en Bretagne,  là où l’on trouve, encore vivantes, les langues celtiques que sont l’irlandais, le manxois, le cornique et bien sûr le breton. La génétique permet aujourd’hui de valider ce qui n’était autrefois que des hypothèses car tous ces peuples réputés celtiques constituent un haplogroupe ayant développé un marqueur chromosomique mâle Y-DNA spécifique codifié R1bL21.

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La conquête romaine

Lorsque César décide de s’emparer de la Gaule, sous le prétexte de venir contrer les invasions Helvètes, le territoire de l’actuelle Bretagne faisait partie d’une sorte de confédération dénommée Armorique trop souvent confondue avec la Bretagne. L’Armorique était en fait beaucoup plus vaste et comprenait de nombreuses peuplades celtes occupant un large territoire allant de Pornic à Dieppe. Les Vénètes (d’où est issu le nom de Vannes) figuraient parmi les plus puissants de ces peuples et développaient un commerce florissant, tenant la dragée haute à leurs ennemis traditionnels du Poitou : les Pictons. Les Vénètes de Vannes semblent bien être issus de la même souche que leurs lointains cousins de Vénétie qui créeront plus tard la prospère république de Venise. Nul doute que c’est l’appât de cette richesse et de cette bourgeoisie naissante qui convainquit César de se transformer de protecteur en envahisseur, jusqu’à s’emparer, au prix de luttes cruelles, de l’intégralité de la Gaule. La bataille du Morbihan, remportée par César sur les Vénètes en -56 avec le concours d’autres peuples gaulois, marque le début de la colonisation romaine en Bretagne. Mais, malgré la violence de la répression, il semble que l’usage du latin ne soit pas parvenu à s’imposer en Bretagne et l’essentiel des traditions demeura intact.

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Après César, le pouvoir romain s’effrite et il doit faire face à la périphérie de son empire et en Armorique en particulier à des incursions de plus en plus fréquentes de pirates venus du Nord. Ce sont donc peut-être les Romains qui ont sollicité l’aide des Bretons de l’Ile de Bretagne pour leur prêter main forte, à moins que ces « Grands Bretons » sentant venir la fin de l’ère romaine, n’aient pris eux-mêmes la décision de descendre vers le Sud. En 411 les dernières légions romaines quittent l’Ile de Bretagne, dès lors livrée aux attaques des Irlandais, des Pictes, des Angles et des Saxons.

 


 

La Bretagne au Moyen Age

L'émigration de l'Ile de Bretagne vers l'Armorique

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Pendant deux siècles les Bretons de l’Ile de Bretagne émigrent massivement vers l’Armorique. Sans doute, comme pour les invasions vikings plus tard, faut-il voir là un effet des fluctuations climatiques. L’empire romain s’effondre définitivement en 476 cependant que la christianisation de la région bretonne s’étend rapidement. A cette époque, la Bretagne continentale n’est pas encore formée et le pouvoir est aux mains des diocèses dont celui de Dol est l’un des plus influents. Au diocèse de Dol sont rattachées des paroisses normandes, colonies conquises grâce à l’émigration venue de l’Ile de Bretagne dont on considère qu’elle cessa vers l’an 600.

Le haut Moyen-Age et l'émergence du royaume de Bretagne

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Le haut moyen âge est une période troublée pendant laquelle les rivalités entre diocèses s’exacerbent alors que la pression des Francs venus de la Neustrie voisine et emmenés par Clovis se fait de plus en plus en plus forte. Rennes et Nantes deviennent des comtés francs et les Bretons sont repoussés vers l’Ouest. Vannes est cependant reprise par les Bretons en 578 puis reprise par Pépin le Bref en 753. Au VIIIème siècle, Charlemagne cherche à asservir la Bretagne mais ne parvient pas à endiguer les soulèvements. Louis le Pieux s’y aventure à son tour mais rencontre une forte résistance. En 831, il confie au chef Nominoë le « ducatus » du peuple breton et le comté de Vannes, cependant que Rennes et Nantes continuent d’appartenir aux Marches de Bretagne, sorte de zone tampon avec la Neustrie[1].


[1] Le terme de Neustrie disparaîtra en 911 lorsque le traité de Saint Clair sur Epte imposera à Charles III de céder la Normandie au Viking Rollon.

En 841 Nominoë prête serment à Charles le Chauve mais l’irruption des Vikings vient compliquer la donne. Les Bretons arrêtent les Vikings à Blain en 843 et Nominoë se retourne contre Charles le Chauve qu’il défait à la bataille de Ballon en 845. Nominoë est alors reconnu comme souverain de la Bretagne qui prend ainsi corps sous forme de royaume.

Erispoë, fils de Nominoë, écrase à son tour l’armée franque en 851 et le traité d’Angers le reconnait comme roi de Bretagne avec les comtés de Rennes et de Nantes ainsi que le pays de Retz.  Ainsi naît vraiment la Bretagne au sens historique du terme.

Plus tard, en 867, Charles le Chauve, toujours aux prises avec les Vikings, fera de nouvelles concessions à Salomon, cousin d’Erispoë qu’il aura au passage assassiné, en donnant à la Bretagne, par le traité de Compiègne, la souveraineté sur le Cotentin et l’Avranchin,  les îles anglo-normandes y compris le fameux Mont Saint Michel, une partie du Maine et de l’Anjou. Et puis Salomon sera assassiné à son tour. Une période de troubles s’ensuivra, dont chercheront à profiter les Normands, qui seront cependant écrasés par Alain, couronné roi de Bretagne en 888 sous le nom d’Alain Ier le Grand. A sa mort, les luttes intestines reprennent dont profitent les Normands. Le royaume est déstabilisé et perd au début du Xème siècle, ses possessions d’Anjou, du Maine, de Normandie et même le comté de Nantes. Le Mont Saint Michel est redonné à la Normandie en 933, en même temps que le diocèse d’Avranches, en reconnaissance de l’hommage consenti au roi Raoul par Guillaume Longue Epée, fils naturel de Rollon et deuxième duc de Normandie.

Le Moyen-Age médian : la Bretagne vassale de la Normandie

Les Bretons parviennent à reprendre en 937 le comté de Nantes aux Normands, avec l’aide d’Alain II dit Barbe-Torte, revenu d’Angleterre et qui s’est proclamé duc de Bretagne. Ainsi reconstituée par Alain II, la Bretagne, « rétrogradée » au rang de duché retrouve à peu près les limites fixées par le traité d’Angers de  851 et garde son indépendance vis-à-vis de la Francie occidentale.

Mais les disputes ne tardent pas à naître entre la dynastie de Barbe-Torte et celle des comtes de Rennes et de Nantes. Lorsqu’Hugues Capet se fait porter par ses pairs sur le trône de France en 987, la Bretagne est en grand désarroi. Le comte de Rennes, Conan Ier bat un court instant les Nantais mais est tué 5 ans plus tard à Conquereuil. La Bretagne devient vassale de la Normandie et est entraînée par Guillaume le Conquérant dans la conquête de l’Angleterre. Vainqueur à Hastings en 1066, il se fait couronner roi d’Angleterre le 25 décembre de la même année dans l’abbaye de Westminster.

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Les Bretons qui l’avaient soutenu dans son entreprise, reçoivent en récompense de nombreux fiefs anglais. Mais Guillaume le Conquérant a du mal à contenir son vaste royaume : l’insoumission se développe en Angleterre, dans la Flandre, dans le Maine et en Bretagne. Le siège de Dol en 1076 est un échec, le roi de France Philippe Ier étant venu prêter main forte au duc de Bretagne.

L’instabilité continue à régner au XIIème siècle et le comté de Nantes est à nouveau perdu en 1156 au profit de l’Anjou, sur intervention du puissant Henri II Plantagenet, comte d’Anjou, du Maine et de Touraine, duc de Normandie et roi d’Angleterre, qui place le duché sous sa tutelle.

Le royaume de France veut en finir avec le cas breton

Au début du XIIIème siècle, Philippe Auguste, roi de France, s’emploie à rétablir l’ordre en Bretagne et à y renforcer son pouvoir. Il impose un prince capétien, Pierre Mauclerc, comme administrateur du duché. C’est ce Pierre Mauclerc qui introduira l’hermine dans le blason breton et, se prenant au jeu, défendra la cause de l’autonomie bretonne face au roi de France.

Au XIVème siècle, une guerre de succession fait rage en Bretagne, ouverte par la mort du duc Jean III et apparemment dictée par la  rivalité ente deux Jeanne : Jeanne de Penthièvre, mariée au neveu du roi de France, Charles de Blois, et Jeanne de Flandre, mariée à Jean de Montfort, soutenu par le roi d’Angleterre. La guerre de succession de Bretagne est en fait un avatar de la guerre de cent ans qui se termine par la défaite des Français à Auray en 1364, la signature du traité de Guérande en 1364 et l’installation de Jean IV issu de la maison de Montfort comme duc de Bretagne. Mais Jean IV est lâché par les siens et doit repartir en Angleterre. Le roi de France tente d’en profiter pour annexer la Bretagne mais les Bretons refont leur unité pour lui résister et un second traité de Guérande en 1381 vient instituer une forme de neutralité de la Bretagne entre la France et l’Angleterre.

L'autonomie bretonne au début du XVème siècle

Le XVème siècle consacre l’autonomie bretonne et le pape lui-même autorise le duc Jean V à sélectionner les candidats aux principaux postes épiscopaux. Mais l’autonomie grise les Bretons. François II, qui sera le dernier duc de la Bretagne indépendante, participe à la ligue du Bien Public contre Louis XI puis à la « guerre folle » dont le nom donné à une guerre qui opposera entre 1485 et 1488 un parti princier, féodal et aristocrate, semblable à la Ligue du Bien public, à Anne de Beaujeu, régente de France après la mort de Louis XI en attendant la majorité de son frère, le jeune roi Charles VIII. Cette guerre folle sera à l'origine de l'annexion de la Bretagne au domaine royal.


L'intégration à la couronne de France

L'offensive du royaume de France à la fin du XVème siècle

Emmenée par Charles VII, l’armée française décide en 1487 de venir à bout du harcèlement breton. Elle pénètre en Bretagne, forte de 12 000 à 15 000 hommes, connaît des fortunes diverses, échoue au siège de Nantes mais finit par l’emporter le 28 juillet 1488 à la bataille de Saint Aubin du Cormier où les Bretons s’inclinent devant une armée plus nombreuse et dotée de pièces d’artillerie plus puissantes.  Le 19 août 1488 est signé « le traité du Verger » qui impose, entre autres choses, au duc de Bretagne de ne pas marier ses filles sans l’agrément du roi de France.

En septembre 1488, François II meurt d’une chute de cheval.

Anne de Bretagne et l'autonomie préservée

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Le 16 décembre 1490, sa fille Anne, née en 1477, devenue duchesse de Bretagne, croit pouvoir se marier, par procuration, à Maximilien d’Autriche et redevenir ainsi reine, reprenant à son compte l’ambition de toujours de son père François II. Ce mariage est perçu comme une grave provocation par la couronne française et dès 1491 Charles VIII vient assiéger Rennes où réside Anne. Se retrouvant seule, Anne accepte ou décide de prendre Charles VIII comme fiancé et de rendre, libre afin que le mariage fût valide, au château de Langeais où elle épouse alors Charles VIII.

Le mariage est validé par le pape qui annule le premier, avec Maximilien d’Autriche, par un acte antidaté. Le contrat de mariage précise qu’il est conclu pour assurer la paix entre le duché de Bretagne et le royaume de France et que les époux s’échangent leurs droits sur la Bretagne avec une clause de donation au dernier vivant. Il prévoit également qu’en cas d’absence d’héritier mâle, Anne ne pourra épouser que le successeur de Charles VIII. Anne devient ainsi reine de France mais son époux lui interdit de porter le titre de duchesse de Bretagne.

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 Le mariage d'Anne de Bretagne avec Charles VIII, le 6 décembre 1491, au château de Langeais.

De l’union d’Anne et de Charles VIII naitront six enfants, tous morts en bas âge. Charles VIII meurt, à 27 ans, le 7 avril 1498 au château d'Amboise, après avoir violemment heurté de son front un linteau de pierre placé trop bas. En octobre 1498, Anne retourne pour la première fois en Bretagne et le 8 janvier 1499, Anne épouse à Nantes le cousin et successeur de Charles VIII, Louis XII, après que celui a rompu, avec l’accord du Pape, son premier mariage avec Jeanne de France.

Le troisième contrat de mariage est beaucoup plus favorable aux intérêts d’Anne et de la Bretagne que le second. Anne n’est plus une fragile jeune fille et tient la dragée haute à son nouvel époux royal. L’intégralité des droits sur la Bretagne lui est reconnue ainsi que le titre de duchesse de Bretagne, même si le pouvoir régalien est laissé à Louis XII. Anne s’installe à Blois, se cultive et s’imprègne de la culture et des arts italiens qui arrivent en France. Elle fait un tour de Bretagne (un « Tro Breizh ») et reçoit partout un accueil enthousiaste.

De son mariage avec Louis XII, elle aura huit enfants dont deux seulement survivront : Claude de France et Renée de France. Claude de France hérite du duché à la mort d’Anne, le 9 janvier 1514.

 

Claude de France et l'intégration au royaume de France

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Née en 1499, Claude de France était fiancée à l’archiduc Charles d’Autriche, le futur Charles Quint, dès 1501. Un contrat de mariage est signé la même année. Cependant, en 1505, voulant éviter l'encerclement du royaume et la perte de la Bretagne, Louis XII, très malade, fait annuler ces fiançailles par les États Généraux de 1506, au profit du jeune comte d'Angoulême, le futur François Ier, malgré l’opposition d’Anne de Bretagne. Le mariage est célébré immédiatement après la mort d’Anne le 8 mai 1514.

La duchesse Claude ne gouverna jamais la Bretagne et en céda immédiatement l'usufruit à son mari, puis à titre perpétuel en 1515. Au contraire de sa sœur cadette Renée, elle semble ne s'être jamais intéressée à son héritage maternel et n'avoir montré aucune disposition à la politique. Mariée à 15 ans, morte « en couches » à 24 ans en 1525, elle se sera montrée davantage intéressée par les choses de la religion et aura donné à son mari huit enfants. François Ier lui donna quant à lui … la vérole (selon Brantôme).

L'édit d'union de 1532

François III, né en 1518, lui succède. Le dauphin n’a donc alors que six ans. Les Etats de Bretagne lui reconnaissent le titre ducal mais François Ier ne le reconnaîtra comme duc de Bretagne que le 21 septembre 1532, en parallèle à la publication de l’édit d’union de 1532. C’est ainsi qu’après quarante ans d'unions matrimoniales entre les duchesses de Bretagne et les rois de France, le 4 août 1532, les Etats de Bretagne, convoqués par François Ier à Vannes après le couronnement du dauphin comme duc de Bretagne à Rennes, adressent au monarque, sur ses instances, une supplique pour « unir et joindre par union perpétuelle iceluy pays et duché de Bretagne au royaume, le suppliant de garder et entretenir les droits, libertés et privilèges dudit pays et duché ». Cette requête, présentée au roi dans la grande salle du palais épiscopal de la Motte, est évidemment acceptée. L’édit d’union est confirmé et précisé par l'édit du Plessis-Macé (septembre 1532), qui garantit les droits, libertés et privilèges de la Bretagne à l’exception de la monnaie bretonne qui disparait dès 1534.

En 1536, François III de Bretagne meurt avant son père François Ier. Son frère Henri, futur roi de France sous le nom d’Henri II, reçoit le titre de duc de Bretagne mais n’est pas couronné. En 1547, le dauphin-duc monte sur le trône de France. Toute allusion à un duc de Bretagne disparaît, mais les spécificités fiscales, réglementaires et judiciaires subsistent, âprement défendues par les États de Bretagne.


 

Du XVIème siècle à la révolution

La Ligue et l'édit de Nantes

L’édit de 1532 n’apaise pas tous les appétits, d’autant plus que le pouvoir s’effrite dans le royaume de France après la mort d’Henri II en 1559. De 1585 à 1598, sévit en France la VIIIème guerre de religion qui voit notamment la Ligue, et le Duc de Guise en particulier, se rebeller contre le pouvoir royal.

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Le duc de Mercoeur, Gouverneur de Bretagne qui était de sang royal, ambitionne avec l’aide de Philippe II d’Espagne de se faire proclamer duc de Bretagne. Il maintient la Bretagne sous l’emprise de la Ligue et y permet le débarquement de soldats espagnols. Finalement Henri IV reprend le dessus et amène Mercoeur à résipiscence en faisant acter à Angers, le 20 mars 1598, le mariage d’un bâtard qu’il eut de Gabrielle d’Estrées, César de Bourbon, avec Françoise de Mercoeur. Le 13 avril 1598, l’édit de Nantes vient à la fois sceller la reddition de Mercoeur et mettre un terme aux guerres de religion.

La Bretagne d'avant la révolution

Malgré les événements souvent dramatiques qui ont précédé puis accompagné l’intégration de la Bretagne à La France, la Bretagne garda la prospérité économique qui fut la sienne sous les Montfort (riche production agricole et textile, ardoises, sel, etc.). Cet essor économique et culturel se  maintiendra dans l’ensemble du XVIème au XVIIIème siècle, et s’accompagnera d’une expansion démographique qui, malgré le tribut payé à la révolution, se poursuivra tout au long du XIXème siècle et même jusqu’en 1910.

Au cours de la même période la France connait des difficultés économiques sérieuses, liées notamment aux guerres de Louis XIV qui le conduisent à vouloir lever de nouveaux impôts, y compris sur les « provinces réputées étrangères »  dont la Bretagne fait partie depuis 1532[1].

Les Bretons sont mis devant le fait accompli avec l’institution en 1673 d’une taxe sur le papier timbré et en 1674 d’une taxe sur le tabac « au mépris des libertés bretonnes ». On craint alors l’introduction de la gabelle. Il s’ensuit des émeutes qui, parties de Bordeaux, s’étendent rapidement à la Bretagne. Après de premiers succès de la révolte, la répression de 1675 mené par le duc de Chaunes sera sanglante et constitue l’une des plus brutales que l’Ouest ait jamais connues avec son cortège de tortures, de pendaisons et d’envoi aux galères. La Bretagne est mise au pas et en paie un lourd tribut sur le plan économique.


[1] Par opposition aux cinq grosses fermes qui, à partir de 1732, ont constitué une sorte de marché commun au sein du royaume de France. Les provinces réputées étrangères payaient des droits de douane lorsqu'elles échangeaient entre elles ou avec les autres provinces ordinaires du royaume.

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En 1718, soutenus par l'Espagne, accablés d'impôts, certains jeunes nobles bretons organisent un complot à un moment où une grande agitation sociale secoue la Bretagne. Les chefs du complot : Pontcallec du Couédic, Montlouis et Du Talhouët, seront dénoncés, jugés sans avocat et décapités à Nantes en 1720. La complainte "Gwerz Pontkaleg" parvenue jusqu'à nos jours rappelle cette affaire.

Le Parlement (cour de justice) et les Etats de Bretagne (assemblée réunissant nobles, clergé et tiers-état) vont dès lors mener une lutte juridique contre le pouvoir royal. En 1734, le roi autorise alors la création d'une commission intermédiaire dont les pouvoirs vont s'accroître jusqu'à contrôler la levée des impôts. Elle va bientôt administrer la Bretagne. Progressivement les Bretons récupèrent de larges pans de leur autonomie provinciale.

L'un des épisodes les plus marquants de cette lutte est " l'affaire de Bretagne " qui oppose Caradeuc de la Chalotais, procureur du roi au Parlement de Bretagne, au gouverneur d'Aiguillon, nommé par le roi, qui est amené à se retirer (1760-1764). Louis XVI en 1774 rétablit les pouvoirs du Parlement de Bretagne. Mais la maîtrise des nobles sur les levées d'impôts les favorise de trop et explique l'opposition de la bourgeoisie bretonne à leurs privilèges au moment où se prépare la Révolution.

La Bretagne et la révolution - La perte de son autonomie financière

L'opposition entre nobles et bourgeois bretons à Rennes déclenche une manifestation très dure (plusieurs morts) entre les deux groupes dès le 27 janvier 1789, c'est la " journée des Bricoles " qui lance très tôt les Bretons dans la Révolution. Les députés bretons à l'Assemblée nationale à Versailles (sans les députés nobles qui se récusèrent) joueront un rôle important jusqu'à la fin de l'année 1789. Le maire de Rennes Le Chapelier est à l'origine des réformes de la Nuit du 4 août où sont supprimés, par la Constituante, les privilèges sociaux mais aussi les droits provinciaux qui leur sont assimilés. La Bretagne « province réputée étrangère » perd ainsi son existence juridique, son autonomie, son Parlement, et ses particularités administratives, fiscales et juridiques, garanties par l'édit d'Union de 1532.

Le découpage de la Bretagne en cinq départements se fait en 1790, calés approximativement sur le découpage de la province en tribunaux de justice dans l’ancien régime (les présidiaux). La Loire-Inférieure est créée reprenant à peu près les anciennes limites du présidial et de l’évêché de Nantes.

En 1790 se forme la chouannerie. Elle est organisée par le marquis de la Rouerie, noble de Haute-Bretagne sous le nom d'Association Bretonne. Et c'est en 1793 que se déclenche l'insurrection chouanne dont les détonateurs furent les persécutions religieuses et la mobilisation des jeunes. Cette insurrection touche surtout la Haute Bretagne et déborde en Normandie, en Anjou et en Vendée. Des chefs chouans comme Cadoudal, Guillemot organisent des troupes paysannes qui pratiquent une guérilla exacerbée par les exécutions décidées par les Montagnards. Le traité de la Jannaie (près de Nantes) le 17 février 1795 et celui de la Mabilais (près de Rennes) le 20 avril 1795 calment le conflit mais l'insécurité demeurera en Bretagne sous l'Empire, jusqu'en 1815.


De l'Empire à nos jours

Napoléon met au pas la Bretagne

L'Empire, en Bretagne comme ailleurs, impose une centralisation renforcée : préfets, maires, enseignants, évêques sont "nommés" par le pouvoir central. L’identité bretonne, après des siècles d’autonomie se trouve fortement encadrée. Malgré un accueil très chaleureux de Nantes à l’Empereur, lors de sa visite en août 1908, les rapports entre Napoléon et la Bretagne resteront toujours empreints d’une méfiance réciproque.

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Le blocus de l’Angleterre imposé par Napoléon, puis le blocus de l’Angleterre sur tous les ports français créeront un préjudice dramatique à l’économie bretonne. La politique de grands travaux de l’empereur, avec le lancement en 1803 du canal de Nantes à Brest censé contrecarrer les effets d’un blocus de Brest par les Anglais, avec la transformation en 1804 de Pontivy en Napoléonville avec l’ambition d’en faire en temps de paix un grand centre de commerce et en temps de guerre un grand centre stratégique, ne suffira pas à faire prévaloir une image positive de la période napoléonienne aux yeux de la plupart des Bretons, qui en retiendront essentiellement l’imposition de la conscription et l’arrestation du Pape Pie VII le 5 juillet 1809.

Seule la paysannerie lui saura gré d’avoir sauvegardé ses acquis de la révolution en lui donnant le droit de posséder et d’exploiter ses propres terres.

L'épisode du camp de Conlie

Le XIXème siècle est cependant, dans l’ensemble, politiquement assez calme en Bretagne malgré un contexte économique très médiocre, une industrie très faible et une agriculture qui tarde à se moderniser. La prise de conscience des difficultés de la Bretagne est amplifiée par la guerre de 1870 qui voit de très nombreux Bretons mourir au camp de Conlie près du Mans.

Le Camp de Conlie est l’un des onze camps établis par le gouvernement républicain de Gambetta lors de la guerre de 1870 afin de préparer une contre-offensive contre l'occupant. 50 000 environ y sont regroupés dans des conditions d’une précarité totale. Beaucoup d’entre eux mourront de typhoïde ou de variole. Les plus chanceux sont renvoyés chez eux. Ceux qui auront à combattre les Prussiens, mal armés et physiquement affaiblis, seront mis en pièces à la bataille du Mans du 11 au 12 janvier 1871.

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Cet épisode contribuera à développer la morosité en Bretagne. Celle-ci aura deux conséquences principales :

-       d’une part une amplification du phénomène migratoire,

-       d’autre part la résurgence d’un nationalisme breton qui se poursuivra au XXème siècle après l’interruption liée à la première guerre mondiale.

L'émigration bretonne aux XIXème et XXème siècles

L’émigration bretonne n’est pas perceptible à la seule considération de l’évolution de la population bretonne qui augmente constamment au cours du XIXème siècle (sauf de 1866 à 1872), passant de 2.2 millions d’habitants en 1801 (date du premier recensement) à 3.3 millions en 1911 (dernier recensement d’avant la guerre). Cette augmentation est due exclusivement au solde naturel qui s’est hissé à un niveau très élevé en Bretagne malgré des conditions économiques défavorables. Sans doute faut-il voir là l’effet combiné de la chute de la mortalité infantile et d’un attachement aux principes de la religion.

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Mais cette forte expansion naturelle de la population a pour conséquence une détérioration du niveau de vie, principalement dans les campagnes, qui provoque, dès le début du XIXème siècle dans les départements des Côtes du Nord, du Finistère et d’Ille et Vilaine, un très fort courant migratoire lié à la pauvreté du monde paysan et, dans une moindre mesure, à celle des pêcheurs.

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De plus, soutenu par Napoléon III qui y voit une perspective de développement économique, le chemin de fer arrive en 1857 à Rennes et en 1865 à Morlaix et à Brest. Les petites lignes, au gabarit différent de celui des grandes lignes, prolifèrent. Chaque canton veut la sienne et Carhaix devient la gare à voie métrique la plus importante de France. Certes, dans la deuxième partie du XIXème siècle, le train contribuera largement au développement économique de la Bretagne. Mais simultanément, son chevelu très ramifié venant desservir les campagnes les plus profondes, donnera un caractère massif à l’émigration amorcée au début du XIXème.

Les Annales de Géographie de 1923 ont consacré à ce phénomène de grande ampleur un développement approfondi (en savoir plus…). Pendant la première moitié du XIXème siècle, l’émigration naît de la surpopulation. La Bretagne est alors un pays d’agriculture arriérée produisant peu et comprenant beaucoup de terres incultes. L’excédent de population doit chercher ailleurs des moyens d’existence mais l’absence ou le mauvais état des voies de communication maintiennent la région dans son isolement séculaire et contiennent l'émigration. Avec la seconde moitié du XIXème siècle, la culture s'améliore et étend son domaine par défrichement. Mais ses progrès sont moins rapides que ceux de la population : les exploitations rurales restent trop peu nombreuses au regard de la demande et sont âprement disputées; les prix des propriétés vont à la hausse. Rendue plus facile par l'établissement d’un réseau ferré très dense, l'émigration s'amplifie et se propage par imitation, au-delà du rationnel.

Le groupe le plus fort d'émigrés (109 351 en 1891) est celui de l'agglomération parisienne (vers la Seine, 88 100; vers la Seine-et-Oise, 21 251). C'est une émigration pauvre, comprenant des domestiques, surtout des femmes, des cochers ou chauffeurs, des employés, en particulier des employés de chemins de fer, des ouvriers à bas salaires. Aussi les retours au pays sont-ils rares, sauf pour les servantes, et les retours après fortune faite à peu près nuls.

Il faut aussi mentionner une émigration de proximité, vers les régions voisines de la Bretagne, où des exploitations agricoles se trouvent disponibles du fait de l’exode rural sévissant également dans ces régions. Beaucoup de Bretons des zones côtières émigrent quant à eux vers d’autres ports plus prospères : Le Havre, Rouen, Honfleur, Dieppe, Bordeaux. Mais l’émigration lointaine, vers le Canada, Saint-Pierre et Miquelon, les Etats-Unis, l’Argentine, etc. reste limitée, à la différence de l’émigration irlandaise du milieu du XIXème siècle vers les Etats-Unis ou l’Australie.

Après la première guerre mondiale le « placement » des filles de la campagne s’arrête mais l’exode rural se poursuit. La première guerre mondiale crée en outre une très profonde saignée évaluée de plus de 200 000 hommes. Les campagnes continuent à se vider et la Bretagne se dépeuple. Entre les deux guerres, 9 communes sur 10 perdent de la population et celle-ci s’installe à partir de 1920 sur un étiage de 3 millions d’habitants dont elle ne recommencera à se détacher que bien après la fin de la deuxième guerre mondiale. L’exode rural perdurera en fait jusqu’à la fin des années 1960 et il faudra attendre 1975 pour que le recensement enregistre un solde migratoire positif par rapport au précédent.

On estime que de 1860 à 1960, 1.1 million de Bretons aura quitté la Bretagne dont la moitié environ sera venue s’installer en région parisienne.

La résurgence du nationalisme breton

Dès le début du XIXème siècle, par réaction à la mise au pas napoléonienne, divers mouvements tenteront de s’organiser pour sauvegarder, à défaut de l’autonomie, la spécificité culturelle bretonne. Mais les consignes préfectorales sont fermes et celles données aux instituteurs en 1845 sont sans appel : « Surtout rappelez-vous, Messieurs, que vous n'êtes établis que pour tuer la langue bretonne ". Cependant des écrivains œuvrent à la survie de la langue bretonne et un nouvel élan religieux se développe en Bretagne.

La poursuite du marasme économique au début du XXème siècle et la profonde ponction créée par la première guerre mondiale, entraîne une radicalisation des mouvements bretons autour d’un objectif affiché d’autonomie régionale. En 1923, un drapeau de la Bretagne, le « Gwenn ha Du » (blanc et noir, en français) est proposé par le journal Breizh Atao (qui se discréditera plus tard en devenant un organe de propagande nazie) et devient l’emblème du mouvement breton. D’inspiration moderne, s’écartant définitivement du traditionnel blason d’hermine jugée trop aristocratique, le Gwenn ha Du connaît un succès considérable et beaucoup, méconnaissant ses origines récentes, croit aujourd’hui voir en lui un emblème historique.

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Un Parti national breton voit le jour en 1911 et est refondé en 1932. Il sera dissout sous le gouvernement Daladier (octobre 1939) en raison de ses relations politiques et financières "amicales" avec l’Allemagne nazie et entrera dans la clandestinité jusqu’à son extinction en 1944. La deuxième guerre mondiale sera en fait une période difficile pour la Bretagne. Les mouvements autonomistes, dans l’ensemble très marginaux mais cherchant à acquérir pignon sur rue au travers d’une collaboration avec l’occupant, s’opposeront à des maquis de résistance tirant parti de la topologie des lieux et de leur connaissance du terrain. A la libération, vingt nationalistes bretons seront condamnés à mort et huit exécutés.

Après la guerre, alors que l’exode rural se poursuit, de nouveaux mouvements autonomistes, fédéralistes ou séparatistes, se forment et s’appuient à nouveau sur le retard économique de la Bretagne pour développer leur action, parfois violente. Une galaxie assez confuse de mouvements ou de groupuscules cherche à s’approprier la défense de la culture bretonne mais certains n’hésitent pas à passer à l’action violente. Les attentats perpétrés par le Front de Libération de la Bretagne à partir de 1966 viendront devant la Cour de sûreté de l’Etat en 1972 ce qui n’empêchera pas en 1974 et 1977 la destruction d’émetteurs de l’ORTF.  

Le retour au culturel

C’est le développement économique de la Bretagne qui viendra mettre un terme à ces actions violentes et transformeront le mouvement autonomiste breton en un véritable mouvement de soutien à la culture bretonne auquel s’associeront de nombreuses organisations et associations. Ce retour aux fondamentaux culturels a été amorcé dès les années 50 avec le développement des bagadoù, ensembles de musique traditionnelle s’inspirant des pipe bands écossais et regroupant des cornemuses, des bombardes et des percussions. A ces bagadoù sont souvent liés des cercles celtiques, groupes de danse traditionnelle.

Parallèlement, le mouvement breton continue le travail entamé avant-guerre dans le domaine de la langue et de la littérature et crée de nombreuses revues bretonnantes. En région parisienne, la diaspora crée de nombreux cercles et amicale regroupées au sein de la Fédération des sociétés bretonnes de la région Parisienne dont l’Amicale des Bretons de Rueil-Malmaison et des environs est l’un des membres les plus actifs. La Mission bretonne est ouverte à Paris en 1947. La fédération Kendalc’h qui regroupe les organisations culturelles du mouvement breton est créée en 1951. Un peu plus tard, en 1977, le réseau d’écoles Diwan, Di Yezh et Dihun,  réseaux d'écoles associatives, gratuites et laïques où l'enseignement est dispensé en langue bretonne, commence à se mettre en place.

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Cependant, si un courant d’intérêt se développe au profit de la culture bretonne, y compris dans des formes récréatives que sont les festoù-noz, il n’est pas sûr qu’il soit suffisant pour endiguer le recul de la langue bretonne dont on estime qu’elle n’est désormais parlée que par une communauté de 250 000 locuteurs brittophones, bien qu’elle demeure la troisième langue celtique derrière le gallois et l’irlandais, devançant largement le gallo, langue d’oïl jadis parlée en Haute-Bretagne et qui n’est pratiquée que par 30 000 locuteurs environ.

Le développement économique des dernières décennies

Le développement économique de la Bretagne est certainement le fait marquant des toutes dernières décennies. C’est lui qui permet à la Bretagne d’exercer à présent un autonomisme apaisé. Les pionniers de la relance économique de la Bretagne sont à rechercher parmi les fondateurs, en 1950, du Comité d’étude et de liaisons des intérêts bretons (CELIB), dont René Pléven, élu des Côtes du Nord et personnage politique éminent de la IVème république.

Un plan de désenclavement routier est adopté le 9 octobre 1968 prévoyant deux axes rapides à quatre voies sans péage qui seront complétés plus tard par des liaisons transversales, elles aussi gratuites. A partir de 1989, le TGV atlantique sillonne l’Ouest de la France, du Finistère au Val de Loire.

Des implantations industrielles importantes sont décidées en Bretagne : la centrale nucléaire expérimentale de Brennilis, construite entre 1962 et 1967, le centre de télécommunication spatiale de Pleumeur-Bodou (CTS), à l'origine de la première transmission télévisée en mondiovision via le satellite « Telstar » en 1962.

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Dans ce retour à la prospérité, tout ne va pas pour le mieux : l’Amoco Cadiz provoque une gigantesque marée noire en 1978 et une violente contestation en février et mars 1980 met un terme au projet de construction d’une centrale nucléaire à Plogoff dans le Finistère.

Néanmoins le renouveau de la Bretagne est spectaculaire. La population de la Bretagne historique rattrape en 1968 son maximum d’avant la première guerre mondiale (3.3 millions d’habitants) et atteint 4.3 millions au 1er janvier 2006. Sur la période 1999-2007, le taux de croissance annuel moyen est de 0,9 % ; il est deux fois plus important que sur la période 1990-1999. L'augmentation de la population bretonne est supérieure à celle observée en France (0,7 %). Le solde naturel est inférieur à la moyenne française (0.2% contre 0.4%) mais le solde migratoire y est très supérieur (0.7% contre 0.4%). Pendant près de 200 ans terre d’exil, la Bretagne est redevenue une terre d’accueil. L’immigration bénéficie à toutes les grandes villes mais aussi aux villes moyennes qui sont nombreuses en Bretagne. Seul le centre de la Bretagne reste, pour l’instant, délaissé. Les cas de « retour au pays » de fils ou petits-fils d’émigrants recherchant des conditions de vie plus faciles qu’en région parisienne se multiplient sans qu’il soit encore possible de les quantifier.

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Bien entendu la Bretagne, comme toutes les autres régions de France, subit les conséquences de la très grave crise économique amorcée à la mi-2008. La désindustrialisation y est perceptible, y compris dans les domaines de pointe tels que les télécommunications où la Bretagne avait excellé au cours des dernières années. La Bretagne possède des atouts spécifiques et notamment une industrie du tourisme à présent solidement implantée. Il serait cependant imprudent d’extrapoler sans précautions les tendances observées au cours des vingt dernières années.


 

Le problème des limites de la région

La définition des contours de la région Bretagne demeure en 2010 un problème sociologique et politique majeur.

Il a été vu que le traité d’Angers en 851, puis le traité du Verger en 1488, puis enfin l’édit d’union en 1532 ont défini les contours de la Bretagne historique qui restera une province réputée étrangère jusqu’à ce que la révolution de 1789 ne la morcèle en cinq départements, dont la Loire-Inférieure, qui deviendra Loire-Atlantique en 1957. Certes la ville de Nantes a toujours fait l’objet de maintes convoitises et les Saxons, les Normands, les Francs, les Angevins, les Français et en 1940 les Allemands s’en sont tour à tour emparés. Cependant les ducs de Bretagne y  eurent leur château (restauré en 2007) et en firent leur résidence principale du XIIIème au XVème siècle. Il est donc difficile de ne pas reconnaître le caractère brittonnique de la Loire Atlantique.

La réalité de 2010 est cependant que ce département fait partie de la région Pays de la Loire, dont Nantes est la capitale, et cette question fait débat.

La responsabilité de la sortie de la Loire-Inférieure des limites de la Bretagne est souvent imputée au gouvernement de Vichy qui institua le 30 juin 1941 des régions administratives pour la zone occupée, parmi lesquelles celle de Rennes dont la compétence exclut la Loire-Inférieure. En fait, cette analyse est trop simpliste. D’une part, dès 1917, étaient apparus des groupements économiques régionaux dits « régions Clémentel ». La IIIème région économique, celle de Rennes, ne comprenait pas la Loire-Inférieure, rattachée à la Vème région, celle de Nantes. D’autre part, sous le régime de Vichy, le Conseil National élabora de mai à août 1941 un autre découpage, dans lequel la Loire-Inférieure était rattachée à la Bretagne et qui fut approuvé par le maréchal Pétain le 3 décembre 1941[1].

Quoi qu’il en soit, tous les découpages nés de l’occupation furent abolis en mars 1946 et il faut davantage rechercher l’origine directe du découpage régional actuel dans la création des « régions de programme » sous le gouvernement d’Edgar Faure de 1956. Depuis lors, à chaque évolution législative ou institutionnelle et notamment lors de la constitution des régions en collectivités territoriales par la loi de décentralisation de 1982, le schéma de la Bretagne en quatre départements fut confirmé.

Il existe de solides arguments économiques pour qu’il en soit ainsi. Par ailleurs, le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne poserait des problèmes de redéfinition du rôle des capitales respectives : Rennes et Nantes, l’hypothèse d’une 3ème voie visant à redonner à Vannes ses lettres de noblesse ne semblant pas d’actualité.

Il est difficile de prendre position dans un débat qui allie des considérations historiques, sentimentales, sociologiques à des considérations économiques et politiques. Beaucoup de Bretons interrogés isolément, y compris en Loire-Atlantique se posent en partisans résolus d’un retour de la région Bretagne vers la Bretagne historique. Il n’est pas sûr qu’ils en perçoivent aujourd’hui toutes les conséquences et il est probable que, si elle voit le jour, la réunification de la Bretagne se fera dans le cadre d’un plan d’ensemble visant à réduire le nombre de régions pour les rapprocher de la moyenne européenne.

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On notera en particulier que la commission Balladur a préconisé en février 2009 des regroupements volontaires de régions de façon à en ramener le nombre de 22 à 15. Les pistes suggérées par le rapport ont conduit à imaginer différents schémas dans lesquels les Normandies se trouvent réunies et la Loire-Atlantique rattachée à la Bretagne.

La réforme des collectivités territoriales est un immense chantier et, malgré l’attachement des Bretons à voir leur Bretagne retrouver ses frontières historiques, il est impossible à la date à laquelle est écrit le présent article de formuler un pronostic sur les chances de voir une telle évolution un jour l’emporter.

Rueil-Malmaison, le 15 mars 2010



[1] Source : Provinces, départements, régions: l'organisation administrative de la France. Jean-Louis Masson -1984

 

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